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À Sávatthi, il y a un balayeur nommé Sunita. Son travail est très pénible, tout comme son existence, car les gens le méprisent ouvertement. Il gagne à peine de quoi survivre. Comme il n'a pas de logement, il dort sur le bord de la route, dans la poussière et la saleté. Il risque souvent de se faire écraser par les chars qui passent sans faire attention à lui.
Parfois, il rencontre des gens avec qui il veut devenir ami, mais il n'a pas le droit de se mélanger à eux, car dans ce pays et à cette époque, les hommes sont divisés en différentes castes (voir la partie « Les castes selon Bouddha »). Il y a en tout quatre castes et Sunita appartient à la plus basse. Il est ce qu'on appelle un paria, et selon cette règle, il n'a pas le droit de fréquenter des gens des autres castes. Chaque fois qu'une personne de caste prétendue plus haute que la sienne passe près de lui, il doit vite se cacher. Si, par mégarde, son ombre effleure l'une de ces personnes ou s'il marche sur l'ombre de ces gens, il est battu. Ainsi, le pauvre Sunita vit une existence particulièrement malheureuse.
Un beau jour, en balayant la route, il aperçoit Bouddha, suivi de nombreux moines. Comme le Bienheureux s'approche de lui, il se sent mêlé de joie et de crainte, car d'une part, le Bienheureux rayonne une merveilleuse sérénité, et d'autre part, il n'y a dans les parages aucun endroit pour se cacher. Le pauvre Sunita se contente de rester debout, immobile, les mains jointes en signe de respect. Sachant que le balayeur est prêt à mener la vie de moine, Bouddha s'arrête et lui demande avec bonté :
« Ô cher ami ! Voudriez-vous abandonner votre travail et me suivre ? »
Auparavant, personne ne lui avait parlé si gentiment. Très ému, il répond, avec des larmes de joie :
« Ô noble Vénérable ! On m'a toujours parlé seulement pour me donner des ordres ou pour me réprimander. C'est la première fois qu'on me dit une parole aimable ! Si vous acceptez dans votre noble communauté un vulgaire balayeur sale et misérable comme moi, alors je vous suivrai ! »
Le Bienheureux intègre aussitôt le pauvre Sunita dans la communauté des moines. Depuis ce jour, plus personne ne le classera dans une caste. Tout le monde le respectera dignement, y compris les riches, les ministres et les rois.
Du temps de Bouddha, le système des castes était si présent dans la vie des gens que personne n'aurait osé le remettre en question. Chaque caste est un groupe de gens appartenant à une catégorie similaire principalement selon leur activité. Selon ces castes, le groupe d'appartenance des êtres est décidé dès la naissance et chacun est condamné à y rester jusqu'à sa mort. Au temps de Bouddha, les quatre castes étaient : la caste royale, la caste des nobles (des riches), la caste des commerçants, des guerriers et des situations professionnelles aisées, et la caste des pauvres et des exclus (les parias), dont font partie les esclaves.
Bouddha était fermement opposé à ce système injuste des castes. Il disait que c'était incorrect. Il disait qu'il y avait aussi bien des gens malsains que des gens vertueux dans chacune des quatre castes, et que chaque personne devra subir la conséquence de ses mauvais actes, quelle que soit la caste à laquelle il appartient. Il a bien précisé que la seule chose qui détermine l'appartenance de quelqu'un dans un groupe, ce sont ses actes.
Le Bienheureux a enseigné ceci :
« On n'est pas un paria d'après sa naissance.
On n'est pas un noble d'après sa naissance.
On est un paria seulement d'après ses actes.
On est un noble seulement d'après ses actes. »
Un jour, Bouddha voyage avec ses moines, vers le royaume de Kosala. En chemin, il arrive dans un grand village qui se nomme Kesamutti, et où vivent les Kálámas. Là, le chef du village accueille très poliment le Bienheureux, et lui dit :
« Ô noble Bouddha ! Il y a parfois des ascètes qui nous rendent visite. Chacun prétend que son enseignement est supérieur aux autres. Qui a raison ? Qui a tord ? Comment faire pour savoir ?
— Ô Kálámas ! Ne croyez pas ce que quelqu'un vous dit uniquement parce qu'il affirme que c'est vrai ! Réfléchissez, analysez et comprenez par vous-mêmes ! Ne croyez que ce que vous savez par vous-mêmes être sain et bénéfique ! Il y a dix sortes de paroles sur lesquelles il ne faut pas s'appuyer ou se contenter pour développer une croyance :
Kálámas ! Rejetez tout enseignement qui comporte des failles (des incohérences). N'adoptez qu'un enseignement dont vous savez par vous-mêmes qu'il est sain et bénéfique. »
Les Kálámas sont réjouis des paroles du Bienheureux. Après avoir mis en pratique son enseignement et après l'avoir compris par eux-mêmes, ils l'adoptent tous.
Dans le sud du royaume de Rájágaha, il y avait un riche paysan nommé Bháradvája. Un jour, il organise une fête de labourage dans les champs qui entourent Nála, son village. Comme la tradition le veut, le riche Bháradvája laboure lui-même le champ, devant les nombreuses personnes invitées pour l'occasion. Selon la croyance, le geste propice du riche paysan doit provoquer des récoltes fructueuses sur ses terres. À ce moment-là, Bouddha faisait sa collecte de nourriture. Il arrive au bord du champ du riche Bháradvája, son bol dans les mains, d'une apparence rayonnante. Surpris et admiratifs de la pureté du Bienheureux, tout le monde détourne le regard vers lui, ne faisant plus d'attention au paysan. Furieux, il interpelle Bouddha en se fâchant :
« Hé, Gotama ! Si, tout comme moi, vous travailliez sur les champs, vous obtiendriez de nombreuses richesses. Ce n'est pas bien de manger le riz des autres. Il n'y a aucune dignité dans la vie de moine, il n'y a que du profit. Moi, afin de subvenir à mes besoins, je travaille ! Faites donc comme moi, ne mendiez pas !
— Ô Bháradvája ! Je ne demande jamais rien à qui que ce soit. Moi aussi je travaille, je laboure les champs, tout comme vous !
— Je n'ai jamais vu vos champs, ni vos graines, ni vos bœufs.
— Je laboure le champ " vertu ", je sème les graines " confiance " à l'aide des bœufs des " huit éléments indispensables à l'Éveil ", et du joug " sagesse ". Je me nourris de " samatha " et de " vipassaná ". Ensuite, je récolte les fruits de " nibbána " (la fin définitive de la souffrance). Voilà pourquoi, tout comme vous, je laboure les champs. »
Très satisfait de la réponse du Bienheureux, le riche Bháradvája souhaite lui offrir du gâteau de riz au lait. Néanmoins, Bouddha refuse poliment. Il explique qu'il n'accepte pas de nourriture de la part de quelqu'un qui est influencé par un enseignement qu'il vient d'entendre. Épris d'admiration pour Bouddha, le riche paysan l'invite à passer les trois mois de la saison des pluies près de son village, dans un monastère qu'il lui fait construire spécialement pour lui et ses disciples.
Alors qu'il est en chemin vers Rájágaha, le Bienheureux rencontre un jeune homme aux cheveux et aux vêtements trempés d'eau, qui se prosterne humblement face à six directions : vers l'est, vers le sud, vers l'ouest, vers le nord, vers le ciel et vers la terre. Interrogé par Bouddha, le jeune homme, qui s'appelait Singála, lui expliqua :
« Ô noble Bouddha ! Je fais toujours ainsi, car mon père, avant de mourir, a tout juste eu le temps de me donner une dernière recommandation : " Ô fils ! Chaque jour, mouille-toi complètement, et prosterne-toi vers les six directions ! "
— Vous avez raison de respecter chaque jour la dernière volonté de mon père, mais il ne faut pas suivre cette recommandation à la lettre. Comme il était mourant, il n'a pas eu le temps de vous donner sa recommandation en détail. Néanmoins, il savait que lorsqu'un sage vous verrait faire ainsi, il en comprendrait la signification et serait alors en mesure de vous l'expliquer. En voici donc la signification :
" mouille-toi complètement " est une métaphore qui exprime la fraîcheur de mettá, l'amour et la bienveillance dont il faut rayonner de tout son être, en toutes situations.
Les six directions, quant à elles, correspondent aux personnes qu'il faut respecter et honorer : l'est pour le père et la mère, le sud pour ses professeurs, l'ouest pour son épouse (pour son époux si l'on est une femme), le nord pour le reste de sa famille, pour ses amis et pour ses voisins, le ciel pour les sages (les moines, les ascètes, etc.), et la terre pour ses employés. »
Ensuite, Bouddha enseigne au jeune Singála les devoirs de chacun dans la société, avant de poursuivre :
« Il y a quatre choses qui doivent être soigneusement évitées : 1) le meurtre, 2) le vol, 3) la méconduite sexuelle et 4) le mensonge.
Il y a quatre choses qui incitent à commettre des mauvaises actions : 1) prendre parti ou être influencé, 2) être hostile, 3) être stupide et 4) avoir peur.
Il y a six façons de gaspiller lamentablement sa richesse : 1) boire de l'alcool ou consommer des intoxicants, 2) errer à l'extérieur tard dans la nuit, 3) passer trop de temps dans les fêtes et les divertissements, 4) s'adonner au jeu (loterie, casino, etc.), 5) s'associer avec des amis nuisibles ou paresseux, 6) rechercher la compagnie de femmes (ou d'hommes) supplémentaires (en plus de son épouse ou époux). »
Le jeune Singála écoute respectueusement le sermon que lui délivre Bouddha, et lui avoue :
« Soudainement, je me souviens que mon père me disait souvent combien merveilleux était l'enseignement de Bouddha. Bien qu'il m'ait fréquemment incité à aller écouter vos enseignements, je lui donnais toujours un prétexte pour ne pas y aller : " c'est trop ennuyeux ", " je n'ai pas le temps ", " je suis trop fatigué ", " je n'ai pas de quoi faire un don à la communauté des moines "... Dorénavant, je vous promets de m'appliquer à la recommandation de mon père, telle que vous m'en avez enseigné la véritable signification. Veuillez me considérer, dès aujourd'hui, comme votre disciple laïc ! »
Un jour, le religieux Akkosa Bháradvája se fâche contre Bouddha, parce que beaucoup de religieux de son clan choisissent de rejoindre la communauté des moines. Furieux, il crie de violentes insultes à Bouddha, qui les subit patiemment, avant de lui demander :
« Supposons que des amis vous rendent visite et qu'ils repartent sans avoir accepté la nourriture que vous leur avez offerte. Que se passe-t-il avec la nourriture laissée ?
— De toute évidence, cette nourriture me reviendrait ! Ce que les autres ne veulent pas, je le garde naturellement pour moi !
— Je n'accepte pas vos grossières insultes. Donc, puisqu'elles vous reviennent, vous pouvez les garder pour vous. »
Ensuite, Bouddha délivre un sermon qui explique comment vaincre la colère.
Bouddha avait quitté le royaume de Kosambí pour se rendre à Rájágaha, où il s'est installé au monastère de Veluvana. En le voyant arriver, les moines lui disent :
« Après avoir fait du prince Ajátasatu son bienfaiteur, le moine Devadatta bénéficie chaque jour de cinq cents pots de riz et d'innombrables autres affaires en offrande. Grâce à cela, tous ses disciples vivent dans un grand confort, ils obtiennent de la nourriture en abondance.
— Ô moines ! Les affaires n'apportent pas le bonheur. Quand on en possède trop, on peut facilement être corrompu. Cela est très propice aux akusala (actes déméritoires). Une fois qu'un bananier a donné ses fruits, on peut le couper, car il n'en donnera plus (un bananier ne donne des fruits qu'une seule fois). De la même manière, Devadatta ne donnera plus de " fruits ", car il s'est laissé corrompre par la surabondance des dons. »
Au moment où Bouddha finit son explication, Devadatta arrive, et il s'exprime devant les cinq cents moines qui sont sur place :
« Ô noble Bouddha ! Vous êtes devenu vieux. Cessez de diriger la communauté monastique, reposez-vous donc tranquillement ! Confiez-moi la communauté ! Je saurais la diriger convenablement.
— Ô Devadatta ! N'ayez pas de telles volontés de prise de pouvoir ! La communauté n'a pas du tout besoin d'un chef. Appliquez-vous plutôt à votre propre pratique ! »
Malgré les paroles de Bouddha, Devadatta insiste trois fois. Le Bienheureux finit pas lui dire :
« Ô Devadatta ! J'ai fondé et dirigé la communauté monastique parce que tous les êtres souhaitant se libérer (du samsará) l'ont voulu, on me l'a demandé. Vous, personne ne vous l'a demandé. J'ai de nombreux disciples, moines et laïcs, qui sont venus à moi, car ils m'ont fait confiance et ils ont voulu que je leur enseigne la voie qui mène à nibbána. Bien que les moines Sáriputtará et Mahá Moggalána soient mes meilleurs disciples, je ne leur confierai jamais cette tâche. Ayez conscience que ce n'est pas à un être comme vous (qui n'est même pas parvenu à l'Éveil) à qui une tâche si importante peut être confiée ! »
Recevant ces paroles devant les membres de la communauté monastique, Devadatta se sent humilié et très irrité. Depuis ce moment, il considère Bouddha comme son ennemi.
Devinant les malheureuses conséquences qui peuvent apparaître à cause des mauvaises intentions de Devadatta, Bouddha dit à ses disciples :
« Une fois que Devadatta aura persuadé le prince Ajátasatu de faire des mauvais actes, des dangers vont arriver. Ô moines ! Allez avertir les gens. Dites-leur bien que tout ce que peut faire ou dire Devadatta n'a aucun rapport avec Bouddha, avec le dhamma ou avec la communauté des moines. »
Une fois que tout le monde est averti, chacun choisit son camp. Ceux qui sont stupides et sans sagesse se rangent du côté de Devadatta, croyant que Bouddha cherche à détruire sa réputation, jaloux des nombreux dons et hommages qu'il reçoit. Tandis que ceux qui ont de l'intelligence, de la sagesse et du bon sens, font naturellement confiance à Bouddha.
Dans le but de tuer Bouddha, Devadatta envoie trente-deux archers, en demandant au plus habile d'aller tout près de Bouddha et de lui lancer une flèche en plein cœur. Dès qu'il est parti, il envoie deux autres archers, en leur ordonnant d'aller attendre le premier archer, cachés derrière le chemin, et de le tuer dès qu'il reviendra du monastère de Bouddha. Quand les deux archers partent, il en envoie quatre autres en leur demandant d'aller attendre le retour des deux autres, cachés derrière le chemin, à un endroit moins éloigné, et de les tuer à leur tour. Après, il en envoie huit autres avec le même ordre, en indiquant un endroit encore moins éloigné. Pour finir, Devadatta ordonne aux dix-sept archers qui restent, de seulement de se cacher sur place, et de guetter les huit derniers partis pour les tuer à leur retour.
Quand le premier archer arrive auprès de Bouddha, il tire une flèche, qui, juste avant d'atteindre Bouddha, est anéantie grâce aux pouvoirs psychiques du Bienheureux. Impressionné de voir sa flèche disparaître soudainement juste devant sa cible, l'archer lâche son arc. Le Bienheureux lui demande de s'asseoir. Il rayonne d'une si grande compassion que déjà l'archer regrette son geste. Il lance son arc dans la nature et vient se prosterner devant lui et écoute l'enseignement que Bouddha lui délivre, avant de devenir son disciple laïc.
Lorsqu'il rebrousse chemin, Bouddha lui recommande de prendre le chemin opposé, car il perçoit que les autres archers attendent pour le tuer. Comme le premier archer ne revient pas, les deux qui ont été envoyés pour le tuer commencent à s'inquiéter. Ils s'avancent lentement jusqu'à Bouddha. Et quand ils arrivent jusqu'à lui, ils sont surpris de ne pas avoir trouvé l'archer. Le Bienheureux les invite à prendre place près de lui. Quand ils entendent l'enseignement du Bienheureux, ils font comme le premier archer. Pour la même raison, tous les autres archers suivent le chemin jusqu'à Bouddha, et n'en repartent qu'après avoir jeté leur arc et être devenus des nouveaux disciples du Bienheureux.
Une fois que les trente-deux archers se retrouvent ensemble, et apprenent alors qu'ils avaient reçu de Devadatta l'ordre de s'entretuer, ils se contentent de retourner vers lui et de lui dire :
« Si vous voulez tuer Bouddha, vous n'avez qu'à le faire vous-même ! »
Après cet échec, Devadatta décide effectivement d'agir lui-même. Un jour, il va sur la montagne Gijjhakuta, sur laquelle il fait rouler un énorme rocher par ses disciples, jusqu'au rebord de la falaise qui domine la route de l'étroite vallée coincée entre deux montagnes. Quand cela était fait, il fait évacuer tout le monde et reste seul à attendre. Peu de temps après, alors que Bouddha suivait la route de la vallée, Devadatta pousse le lourd rocher, le faisant dangereusement chuter vers le cœur de la vallée, où avance le Bienheureux. Voyant tomber le rocher au-dessus de lui, Bouddha fait apparaître un pont rocheux entre les deux montagnes qui entourent la vallée, de sorte à retenir le gros rocher dans sa chute. Celui-ci se fracasse sur le barrage avec une telle violence qu'il se brise en nombreux morceaux. Un des éclats du rocher blesse Bouddha au pied. Lorsqu'il leve les yeux vers le haut, il voit le nuisible Devadatta, qui l'observe au loin, guettant les effets de son terrible acte. Bouddha l'interpelle :
« Devadatta ! Pourquoi, après être devenu moine, vous voulez essayer de me tuer ? Est-ce parce que vous pensez que l'enfer est agréable ? »
Quand les moines voient le pied qui saigne de Bouddha et qu'ils apprennent la nouvelle tentative de meurtre de Devadatta, certains prennent des bâtons pour protéger Bouddha, mais il les rassure :
« Ne vous inquiétez pas ! Personne ne peut tuer Bouddha. Je m'éteindrai seulement par moi-même ; personne ne peut m'y pousser. »
Le docteur Jívaka soigne la plaie de Bouddha. Au bout de trois jours, sa blessure étant totalement guérie, il peut de nouveau aller collecter sa nourriture avec son bol.
De son côté, Devadatta réfléchit à un nouveau stratagème pour éliminer Bouddha.
Bien décidé à tuer Bouddha, le néfaste Devadatta se met à penser qu'un animal peut effectuer une telle tâche sans se poser de questions. Il décide donc de lâcher un éléphant sur Bouddha. Il cherche le plus sauvage et le plus mauvais éléphant qu'il peut trouver ; un éléphant qui s'appelle Nálágiri. Il lui fait boire de l'alcool pour le rendre encore plus méchant.
Suivi de ses disciples, Bouddha emprunte la route principale, qui se dirige droit vers le centre de la ville. Lorsque Devadatta aperçoit Bouddha arriver au loin avec ses disciples, il fait boire encore un peu d'alcool à l'éléphant Nálágiri, avant de le lâcher sur lui. Quand l'éléphant s'approche, en apercevant Bouddha, il émet un grand barrissement, qui fait trembler le sol sous ses lourdes pattes. Dans une fureur folle, le puissant animal détruit toutes les maisons et tous les arbres situés aux abords de la route. Rien ne résiste à son passage, même les constructions les plus solides. Il commence à charger le Bienheureux en se précipitant à grande vitesse vers lui et les moines. Les moines qui se trouvent juste derrière Bouddha, voyant l'éléphant se précipiter vers eux à une allure inquiétante, proposent à leur maître :
« Vénérable Bouddha ! Ce féroce animal est très violent et très dangereux. Vous devriez tourner et d'emprunter sans plus tarder un autre chemin.
— Ô moines ! Soyez sans crainte ! Je vais le dompter pour qu'il soit docile. »
Les principaux disciples de Bouddha proposent chacun leur tour de se charger de dompter l'éléphant en demandant à leur maître de rester à l'écart, mais chaque fois il refuse. Tandis que l'éléphant n'est plus qu'à une faible distance de Bouddha et des moines, le moine Ánandá se propulse d'un bond devant le Bienheureux, choisissant de le protéger au sacrifice de sa vie. Néanmoins, son maître lui ordonne de ne pas rester devant lui.
En même temps, terrifiée par l'éléphant, une femme court avec son bébé dans les bras. Elle le pose tout près de Bouddha, le croyant en sécurité auprès de lui, et continue de fuir. En voyant cette femme courir, l'éléphant la prend pour cible. Bouddha dit alors à l'éléphant :
« Si tu as été lâché, c'est pour me tuer et non pour tuer quelqu'un d'autre. Laisse cette femme tranquille et viens plutôt vers moi ! »
En se retournant vers le Bienheureux, l'éléphant le fixe du regard, prêt à le charger. Cependant, Bouddha lui projete un flot de mettá (bienveillance) tellement puissant, que l'animal perd son ivresse et, se sentant envahi par un amour d'une intensité extraordinaire, il perd aussitôt toute malveillance. Il met sa trompe dans la bouche, rabaisse les oreilles et la queue, et s'approche tout doucement de Bouddha, en s'abaissant devant lui. Félicitant l'éléphant, le Bienheureux le caresse en lui faisant des recommandations :
« À partir d'aujourd'hui, ne sois plus jamais mauvais, ne tue pas ! Sois gentil et bienveillant avec les autres ! »
L'éléphant Nálágiri l'entoure délicatement de sa trompe, en guise de respect et de gratitude. À ce moment-là, tout le monde ressent une immense joie. Les gens se mettent à tellement admirer l'éléphant qu'ils le caressent longuement et lui font des offrandes. Pour terminer, Bouddha donne un enseignement.
Devadatta a un jour l'idée d'ajouter des nouvelles règles à la discipline monastique pour diviser en deux la communauté de Bouddha. Comme cela, il pourra diriger sa propre communauté. Peu de temps après, il se rend auprès de Bouddha lui faire part de cinq exigences, devant une grande assemblée de moines :
« Ô noble Bouddha ! Je vous prie d'ajouter cinq points supplémentaires dans la discipline monastique :
Bouddha refuse fermement chacune de ces cinq exigences, et dit à Devadatta :
« Devadatta ! La voie que j'ai enseignée est la voie moyenne. Que les moines qui souhaitent vivre isolés dans la forêt y vivent ! Que les moines qui souhaitent vivre près des villages y vivent ! Que les moines qui souhaitent collecter leur nourriture à l'aide du bol fassent ainsi ! Que les moines qui souhaitent accepter des invitations pour les repas fassent ainsi ! Que les moines qui souhaitent porter des robes faites de tissus abandonnés s'habillent ainsi ! Que les moines qui souhaitent porter des robes neuves qu'on leur offre s'habillent ainsi ! Que les moines qui souhaitent dormir sous un arbre y dorment ! Que les moines qui souhaitent dormir sous un toit y dorment ! Que les moines qui souhaitent être végétariens le soient ! Que les moines qui souhaitent manger de la viande et du poisson en mangent ! »
Comme Bouddha a refusé ses cinq exigences, Devadatta est bien content. Parce que maintenant, il peut facilement diviser la communauté des moines en ajoutant ses propres règles et en prétextant que Bouddha cherche le confort en refusant de les ajouter. Sans attendre, il annonce à tous ceux qui veulent l'écouter :
« Je me sépare de Bouddha, car je tiens à ajouter ces cinq nobles pratiques dans la discipline monastique. Que ceux qui veulent me suivre viennent avec moi ! »
Bouddha essaie de le mettre en garde, mais Devadatta ne veut rien entendre, il est déterminé à diriger sa propre communauté. D'ailleurs, peu de temps après, lui et ses disciples forment une communauté totalement à part de cinq cent moines. Mais comme personne n'appréciait les comportements inacceptables de Devadatta, lui et ses disciples avaient beaucoup de difficulté à obtenir leur nourriture.
Bouddha appelle ses deux principaux disciples, les moines Sáriputtará et Mahá Moggalána, pour leur confier une mission :
« Ô mes chers disciples ! Les cinq cents moines qui ont suivi Devadatta sont entrés dans la communauté, car ils cherchent la paix de nibbána. À cause de Devadatta, ils sont sur le point de mettre fin à leur vie de moine, car ils n'ont plus de quoi se nourrir. Allez les voir et enseignez-leur le dhamma ! »
Les deux grands moines partent à la rencontre des disciples de Devadatta. Quand ce dernier les voit arriver, il est rempli de joie, car il pense qu'ils viennent rejoindre sa communauté. Devadatta commence à donner un enseignement à sa manière, qui dure jusqu'à la nuit. Épuisé de fatigue, il part se coucher, en demandant au moine Sáriputta de bien vouloir enseigner à son tour. Il donne un enseignement sur les quatre nobles vérités. Ensuite, le moine Mahá Moggalána donne à son tour un enseignement. Après avoir entendu les deux grands disciples du Bienheureux exposer le dhamma, les cinq cents moines présents (sauf les quatre disciples principaux de Devadatta) parviennent à nibbána. Au lever du jour, le moine Sáriputta va poliment saluer Devadatta, qui vient tout juste de se réveiller :
« Ô Devadatta ! Nous partons, maintenant. Ceux qui apprécient votre enseignement viendront vers vous, ceux qui apprécient le nôtre viendront vers Bouddha. »
Au moment où les deux grands moines s'en vont, les cinq cents moines présents les suivent. En voyant cela, Devadatta devient fou de colère au milieu des quatre disciples qui lui restent. Également furieux, le moine Kokálika lui donne un violent coup de genou dans la poitrine, en lui disant qu'il n'aurait pas du accepter les deux grands disciples de Bouddha.
Gravement blessé par son disciple, Devadatta se met à vomir du sang. Il se met à réfléchir à tous ses mauvais actes et à tous les conseils qu'on lui avait faits. Il se remet entièrement en question, et finit par avoir de grands regrets. Il réalise les graves conséquences que ses actes pouvaient causer. Maintenant, il veut aller reconnaître ses erreurs auprès de Bouddha et lui demander pardon. Comme il ne peut pas marcher, il demande à ses quatre derniers disciples de le transporter jusqu'au monastère du Bienheureux, qui était alors à Sávatthi. Juste avant d'arriver, les quatre moines posent Devadatta à terre pour boire dans un étang situé devant l'entrée du monastère de Bouddha.
Pendant que les quatre moines étaient en train de boire, la terre s'ouvre sous Devadatta, et l'aspire lentement, comme une bouche géante qui l'avale en douceur. Pendant qu'il s'enfonce sous la terre, il joint les mains en direction de Bouddha, en lui demandant pardon, avec ses plus sincères regrets. C'est ainsi qu'il plonge dans les enfers, dans lesquels il restera pendant une très longue durée, à cause de ses très mauvaises actions. Cependant, en raison du puissant kusala (acte méritoire) qu'il vient de faire par la pureté de ses dernières pensées, il finira par devenir un être éveillé.
La version de « La vie de Bouddha » proposée ici est parfaitement fidèle à l'enseignement originel de Bouddha, car elle s'appuie sur les textes canoniques.
Textes, graphisme et photos : Moine Dhamma Sāmi • Mise en ligne de cette page : 02.03.2007
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